Studio Magazine Mulholland Drive Review

Mulholland Drive

David Lynch signe l'un de aea meilleure filma, trouble et terriblement excitant

NOTRE AVIS ****

L'HISTOIRE Après un violent accident de voiture sur Mulholland Drive, une jeune femme perd la mémoire. Elle rencontre une autre jeune femme, qui va essayer de l'aider à retrouver son identité.

SORTIE 21 NOVEMBRE

Trois ans après Une histoire vraie, où il suivait le voyage d'un vieux paysan obstiné sur un minitracteur, David Lynch revient à un cinéma beaucoup plus conforme à son image. Avec Mulholland Drive, il retrouve ce style à la fois inquiétant et soyeux qui faisait la force de Blue Velvet ou de Lost Highway, et emprunte une voie autrement moins tranquille qu'une petite route de campagne du Middle West, en l'occurrence, celle, tortueuse, séduisante et ô combien dangereuse qui traverse Hollywood. Mulholland Drive raconte le destin croisé de deux jeunes femmes perdues dans la Cité des anges. La première, brune et amnésique depuis un accident de voiture, a le cerveau qui flanche; la seconde, blonde et ambitieuse, a la tête pleine de désirs. Mais à travers ces deux personnages, c'est Hollywood tout entier que Lynch tente d'embrasser. Non pas la réalité d'Hollywood, mais l'objet de fantasmes qu'il représente. Avec ses légendes et ses mythes, ses fantômes et ses leurres, ses surprises et ses innombrables miroirs déformants.

Libéré des contraintes d'un récit linéaire traditionnel, Lynch semble avoir composé Mulholland Drive comme un peintre joue avec ses couleurs. Un inconnu meurt (littéralement) de peur, un producteur caractériel recrache son café, deux femmes s'enlacent dans des draps blancs, un cow-boy venu d'ailleurs menace un metteur en scène, un cadavre en décomposition dégage sa puanteur, une limousine roule en silence dans la nuit noire, etc. Lynch crée des situations « hollywoodiennes » qu'il associe les unes aux autres en se laissant guider par sa seule intuition. On pénètre ainsi dans Mulholland Drive comme à l'intérieur d'un rêve. Avec la même liberté. On « ressent» ce qu'il se passe sans nécessairement en comprendre les tenants et les aboutissants. Et c'est encore plus excitant. Plus que jamais, ici, le travail de Lynch s'apparente à celui d'un chercheur de l'émotion. À ceci près qu'il prend soin d'entretenir sans cesse la connivence avec le spectateur. La beauté des images, la drôlerie et l'incongruité des situations, la sensualité charnelle de certains plans rendent l'expérience vertigineuse.

Dire que Lynch réussit toucher notre inconsciei sans se soucier de notre raisc serait exagéré. Mais il propo en tout cas une autre maniè de faire du cinéma, où le su gestif l'emporte toujours si le démonstratif. En sortant de Mulholland Drive, on souha terait d'ailleurs que beaucoi d'autres cinéastes osent s'ei gouffrer dans cette voie-là. Les histoires cachent souvent dans leurs zones d'ombre des perles noires qui n'en finissent pas de nous éblouir

Christophe D'Yvoire

Copyright 2001 Studio

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